Les graffs de Sébastien Gourmelon, parfois peints dans des friches industrielles, ont plus à voir avec la peinture abstraite qu'avec le graff sauvage. Rencontre.
Entretien
Sébastien Gourmelon.
Graffeur qui expose 8 oeuvres au théâtre des Jacobins.
Sébastien Gourmelon, qui êtes-vous ?
Originaire de Brest, je vis depuis six mois à « Conican », à Lanvallay, où j'anime une micro-entreprise spécialisée dans les arts graphiques. Du 18 mai au 9 juin, j'expose huit créations dans le hall d'accueil du théâtre : des photos de graffitis réalisées sur des murs, sur une vieille coque abandonnée de bateau, voire des peintures sur toile.
D'où vous est venue cette passion pour les graffs ?
Cela date de 1999, année où j'ai vu à Brest une trentaine de graffeurs pratiquer leur art au port de commerce. En les voyant faire, j'ai voulu en faire autant ».
Quel est votre point de vue sur certains graffeurs qui s'attaquent aux murs et portes des immeubles sans autorisation ?
Ceux qui pratiquent le graff de cette façon le font rapidement pour vivre un état d'excitation et connaître une montée d'adrénaline. Moi, j'aime prendre mon temps et passer des heures à faire un mur. J'ai peint avec des autorisations sur des murs à Brest, Paris, Rennes et je réalise des fresques pour les maisons de quartier, les centres de loisirs, les salles de concert, les studios d'enregistrement ou les décorations de films
Quelles techniques mettez vous en oeuvre ?
Au départ, j'ai fait des lettrages avec des bombes aérosols contenant de la peinture acrylique, mais j'ai vite dérivé vers des formes abstraites. Mes lieux de prédilection pour créer des graffs : les friches industrielles à cause de l'ambiance. J'aime me retrouver seul dans un endroit à peindre plusieurs heures. La peinture que je crée évolue suivant l'atmosphère du lieu. Aujourd'hui, je m'inspire moins des graffs que de peintres comme Georges Mathieu ou Guiger. J'utilise le pinceau, le rouleau, les pochoirs. Je fais des sculptures en mousse polyuréthane ou en béton cellulaire.
Je n'aime pas la routine. C'est ainsi que pour réaliser des affiches, des logos, des portraits, des peintures, je travaille préalablement sur ordinateur pour créer une forme. Ensuite, sur la toile, je fais les détails ».
Jean-Luc POUCHARD.
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